LE TRAVAIL

Les mineurs descendaient chaque jour à environ -350 mètres de profondeur. Ils arrivaient alors dans des galeries qui pouvaient être très longues. Comme le montrent les photos, elles étaient renforcées par du bois qu'il fallait changer régulièrement, au moindre craquement. Ces galeries sont souvent basses, la "barette" de cuir épais protège la tête des coups éventuels. La lampe aussi est indispensable pour le mineur, car un mineur sans lampe est comme un homme désarmé. Souvent, il la tient entre les dents, ou l'accroche à son mouchoir de cou. Parfois, la galerie se réduit et il faut avancer sur les genoux, ou pire, à plat ventre....

 Commence alors le travail, illustré par les photos suivantes. Chacun a sa propre tâche, il existe une hiérarchie bien définie. En général, le galibot de 13 ans devient déballeur, herscheur*, chargeur ou rouleur*. Puis, il devient piqueur, ce travail est très très dur physiquement. Sa bonne conduite, son intelligence peuvent le faire désigner comme chef de coupe, ou employé chargé de surveiller les galibots. Après, il peut passer porion, c'est-à-dire employé ayant sous ses ordres les ouvriers de l'abattage. Il sera alors chargé de faire les comptes ou de pointer les heures de travail des ouvriers. Puis, chef-porion.

 Herscheur: celui qui charge les berlines (Pas-de-Calais)

 rouleur: celui qui charge et qui pousse la berline.(Nord)

 D'autres fonctions sont:

 haveur: celui qui découpe pour ainsi dire à l'endroit qu'il juge le plus tendre, le charbon, pour ensuite en faire des morceaux.

 le raccommodeur: c'est le vieux mineur qui, n'étant plus assez fort pour aller à l'abattage, est occupé à réparer les retours d'air, à mettre les portes d'aérage, à arranger les rails....

 le bowetteur: c'est celui qui, au moyen d'une machine à perforer, fait une voie à travers les terrains, sur un plan arrêté par l'ingénieur.

 

 

 

Les terrils, paysage du Pas de Calais, entre LENS et BETHUNE.

Amas de déblais au voisinage des mines de charbon .

Mineurs de LENS prets à descendre. Noter les lampes antigrisou

et la bouteille de vin du mineur de droite.

Sur le carreau de la mine, les femmes nettoient et préparent les lampes anti grisou.

 

 

Régulièrement, il fallait reboiser pour des raisons évidentes de sécurité.

Dur métier que celui de piqueur!! Il arrivait en général vers 4 ou 5h du matin. Il s'assurait tout d'abord de la solidité de la galerie puis commençait à abattre le charbon. Son habileté consistait, grâce à l'emploi d'un explosif (si l'absence de grisou le permettait) à bien placer et diriger ses trous de mine. Si il ne pouvait utiliser d'explosif, alors il tapait dans la base de la couche de houille, afin d'en faire tomber une masse considérable. Au moment de faire tomber la masse, il fallait s'écarter le temps de laisser dissiper la poussière et la fumée. C'était en général le moment qu'il choisissait pour casser la croûte.

Il arrivait parfois que tout ce dur labeur se réduisait à néant, un danger perpétuel menaçait la vie quotidienne : le coup de grisou.

 

Certaines veines de charbon étaient si étroites qu'il fallait y travailler allongé... les hommes restaient torse nu tellement il y faisait une chaleur étouffante.

Jean baptisé "ouvrier de la veine ".Chargé de détacher le charbon, il est payé au rendement.

Ventilateur manuel destiné à chasser le grisou.

Repos d'un quart d heure au fond de la mine.

L'heure du "briquet" (casse-croûte).... bien mérité!! Ensuite, rats et souris se partageaient les restes, et les mineurs étaient ravis de les voir.... effrayant me direz-vous!! Non, pas du tout, ces animaux étaient des alliés incomparables puisque grâce à leur ouïe très développée, ils se sauvaient au moindre danger!!! Bien souvent, les mineurs descendaient également au fond des canaris, car ces petits animaux sont beaucoup plus vite sensibles aux gaz que nous, donc ils pouvaient remonter à la première alerte.

 

 

Gueules noires

Barette

 

La douche apès 8 heures de travail.

Journalistes s'apprêtant à descendre au fond de la mine d 'ANZIN, 1902.

ENFANTS A LA MINE

Enfants de 12 ans prêts à descendre dans la mine. Ils travailleront 8 heures au fond de la fosse.

Le porteur de lampe...il a 15 ans .

Jeune caffu après sa journée de travail

 

CONDITIONS DE TRAVAIL AU DEBUT DU SIECLE DERNIER

A cette époque, les enfants pouvaient commencer à travailler à la mine à partir de 12 ans à condition qu'ils aient le certificat d'études primaires et un certificat médical constatant que l'enfant est apte au travail auquel on le destine. Les femmes et les filles, elles, n'avaient pas le droit de descendre au fond, la tâche du tri leur incombait donc.

DUREE DE TRAVAIL:

de 12 à 16 ans: 8 heures, non compris la descente, ni la montée, ni les repos.

de 16 à 18 ans: 10 heures, non compris la descente, ni la montée, ni les repos.

TRAVAIL DE NUIT:

Interdit de 21 heures à 5 heures, mais cependant autorisé dans certaines mines de 16 heures à minuit.

TRAVAIL DEFENDU:

de 12 à 16 ans: le travail souterrain est interdit sauf les exceptions suivantes: triage, chargement de minerai, manoeuvre et roulage des wagonnets, garde et manoeuvre des ventilateurs à bras et autres travaux accessoires n'excédant pas leurs forces.

de 16 à 18 ans: peuvent être occupés aux travaux proprement dits de mineur à titre d'aide et d'apprentis, pour une durée maximum de 5 heures par jour.

Image poignante de ce jeune galibot qui travaille les pieds nus.

Ces conditions de travail sont devenues heureusement intolérables aujourd'hui.

N'oublions pas les trieuses

Leur calme ,leur silence cachent des sentiments d'indépendances profonds et un inébranlable attachement à leur croyances et à leurs intérêts

sacré courage !!

LES CHEVAUX

Le cheval fut le compagnon du mineur par excellence, son "frère à quatre pattes". Cet animal tirait des charges spectaculaires durant des journées complètes. "Ch'meneu d'quéviaux" ( traduction littérale: le meneur de chevaux) accrochait et décrochait les berlines. Il n'avait presque pas besoin de dresser le cheval, celui-ci comprenait très vite le travail qui lui était incombé. Le cheval, à lui seul, pouvait tirer 13 à 14 "balles" (des berlines pleines). Il venait en aide au mineur quand celui-ci n'arrivait pas à pousser une charge trop lourde.....

Ci-dessus, la descente d'un cheval au fond : à la verticale, car c'était le seul moyen pour qu'il ne s'asphyxie pas. On utilisa cette méthode jusqu'en 1936, ensuite, les chevaux descendirent debout dans une cage d'ascenceur.

Pendant 15 à 20 ans, le cheval ne revoyait pas la lumière du jour. Quand il remontait, il était épuisé et aveugle et ne tardait pas à finir à l'équarrissage.

 

LE GRISOU

(La catastrophe de COURRIERES)

Le 10 Mars 1906,une terrible explosion provoque la mort de 805 mineurs .

On dénombre seulement 47 rescapés .Mais 20 jours plus tard 13 hommes hagards,

émergent de cet enfer.

Le 10 Mars 1906... la foule attend des nouvelles.

Le grisou est un gaz, et comme tout gaz, dangereux en proportions trop importantes. Il suffisait que des piqueurs, dans leur travail, atteignent une poche de ce gaz et le contact avec la flamme des lampes à pétroles provoquaient l'explosion. Cette explosion était canalisée dans les veines de charbon et semait la mort partout par son souffle puissant. Impossible pour personne de se sauver ou de se mettre à l'abri....

Ci-dessus, des mineurs en train de fouiller les décombres dans l'espoir de retrouver quelques survivants, mais aussi malheureusement beaucoup de cadavres.

 

Ci-dessus, quelques victimes de la terrible catastrophe de Courrières, le 10 Mars 1906. Il y eut au total 1212 mineurs tués, ce fut l'une des plus meurtrières. Et aussi le corps calciné d'un cheval qui travaillait au fond.

Les sauveteurs du premier jour. Le mineur en blanc sauvera une vingtaine

de ses camarades. On le surnommera "Le Héros" .

Le 13 Mars 1906, les funérailles sous la neige.

20 jours après la catastrophe, 13 rescapés sortent de la fosse n° 2

Les familles folles d'espoir accourent sur le carreau de la mine.

Les 13 rescapés de la fosse n° 2. Ils ont passé 20 jours au fond de la mine.

 

La lampe de sûreté à flamme

 

Lampe à carbure

La lampe du Mesnil

 

Mineurs d' ARRAS en 1902. Ils viennent d'assister à la messe de la Sainte-Barbe, leur patronne.

Médaille en laiton de Sainte Barbe, patronne des mineurs et qui se fête le 4 décembre.

un petit mot personnel de ma fille : pour mon grand père regretté et pour tous les autres mineurs de fond